Il pleuvait, mais malgré cela, nous étions une trentaine (sans compter les enfants ! ) avec beaucoup de nouvelles têtes ! Nous étions ravis de voir que les habitants de Ménil-Jean sont venus à notre rencontre. Des nouveaux visages de Putanges-Pont-Écrepin sont venus.
Notre format de réunion publique est désormais rodé : après une présentation de la démarche, nous nous sommes divisés en 3 groupes pour approfondir des sujets proposés en direct par les présents : mobilité, référents de commune/proximité et enfin le dernier groupe a traité 2 sujets : les commerces et la dynamique communale.
Sous les trois barnums, les échanges ont été motivants et fertiles. Chaque groupe a pu exprimer ses préoccupations, partager ses idées et formuler des propositions dans une ambiance d’écoute et de construction. Voici la restitution de ces échanges.
Groupe 1 – Mobilité
” Si on n’a pas de voiture, on est dépendant pour tout ”. Cette phrase, prononcée par un participant, résume les difficultés de nombreux habitants en termes de mobilité.
Le groupe a discuté de l’absence de transport pour relier les communes historiques à Putanges-le-Lac, l’impossibilité d’accéder aux gares sans voiture, ou encore la dangerosité des routes pour les cyclistes. Le groupe a également souligné que l’association Reso’ap, qui organise du covoiturage bénévole, manque cruellement de bénévoles sur le territoire.
Face à ces constats, les participants ont partagé de nombreuses idées inspirées d’autres communes. À Trun, il y a un minibus les jours de marché. À Écouché, des taxis sont conventionnés par la mairie, tandis qu’à Signy, des navettes relient les gares. Les participants ont rappelé qu’un tel service existait autrefois pour aller au marché de Falaise. Conscients des défis liés à la faible densité de population, ils ont proposé des systèmes de réservation, observés avec succès dans d’autres petites communes. “Des solutions de transport en commun existent même dans les petites communes !” Le groupe a également évoqué la possibilité de faire passer la ligne Argentan/Flers (bus 424), qui s’arrête à Fromentel, par Putanges-Pont-Écrepin.
Côté vélo, l’exemple de Locmariaquer en Bretagne a été cité, où les pistes cyclables permettent aux touristes de se déplacer uniquement à vélo, même avec des enfants, “de façon sécurisée et d’avoir une expérience de la commune autrement plus intéressante et agréable qu’en voiture”. Cet exemple breton illustre que le vélo peut être à la fois une solution de mobilité, de sécurité et un fort atout touristique.
Les participants ont proposé des pistes cyclables sécurisées, séparées des routes, reliant les communes historiques entre elles. Ils ont également questionné la possibilité de rouvrir d’anciens chemins qui reliaient autrefois les villages en dehors des routes. La voie verte entre Bagnoles et Briouze a été citée comme source d’inspiration. D’autres préoccupations ont émergé : la sécurisation de certains passages piétons dangereux à Putanges-Pont-Écrepin, l’impact des nouveaux lotissements sur l’offre de mobilité, ou encore la question de savoir s’il existe toujours une desserte bus hors scolaire devant la mairie.
Enfin, le groupe a rappelé l’idée des navettes fluviales depuis Rabodanges, qui pourraient constituer un atout touristique majeur. ” Quels sont les freins ? ” se sont interrogés les participants, ouvrant la voie à de nouvelles réflexions pour valoriser le lac.
Groupe 2 – Référent commune et proximité
Le groupe ” Référent commune et proximité ” a exprimé les frustrations liées à la fusion des communes et le sentiment d’éloignement de la vie administrative qui en découle. Les participants ont partagé une nostalgie d’une époque où chaque commune avait son autonomie de gestion.
Au-delà de la simple question pratique, c’est un sentiment de manque de confiance des élus sur les actions locales qui a été exprimé par les habitants. Face à ce constat, les participants ont identifié ” un impératif à rétablir la confiance entre les habitants et la commune ”. Cette reconstruction passe, selon eux, par un retour aux fondamentaux : ” le besoin de simplicité, de spontanéité, de proximité ” a été évoqué à plusieurs reprises comme une priorité.
Le groupe a notamment insisté sur plus de flexibilité et de simplicité pour la réservation des salles, illustrant par cet exemple comment la forme de certaines procédures peut créer de la distance entre les habitants et leur commune.
Le maintien des permanences de mairie dans chaque commune historique a été demandé. Les participants ont exprimé leur souhait de continuer à avoir un référent par commune à qui parler et échanger et non être redirigé vers un secrétariat.
Ces préoccupations font écho aux réflexions partagées au début du mouvement MCCP sur les transformations induites par la fusion des communes. La disparition des conseils municipaux dans les communes fusionnées a créé un vide bien au-delà de la simple question administrative. Les conseillers municipaux étaient souvent aussi les membres actifs des comités des fêtes, créant une dynamique collective où les habitants étaient directement impliqués dans les décisions qui concernaient leur quotidien.
La centralisation à Putanges-Pont-Écrepin a eu des effets qui n’avaient pas été anticipés : le désengagement progressif de personnes très investies qui se sont retrouvées sans rôle officiel, l’affaiblissement des comités des fêtes, accentué par la crise du Covid. Le groupe a également rappelé les réalités géographiques différentes qui compliquent cette centralisation : certains habitants, comme ceux de La Forêt-Auvray, fréquentent naturellement Ségrie-Fontaine ou Sainte-Honorine-la-Guillaume, plus proches que Putanges-Pont-Écrepin, créant parfois un décalage entre le fonctionnement administratif et les bassins de vie réels des habitants.
Groupe 3 – Prendre soin des commerces des bourgs
Les participants ont d’abord évoqué l’échec de l’épicerie de producteurs de Putanges-Pont-Écrepin. Les raisons évoquées seraient le prix et le manque de lien avec les producteurs. Ils ont également exprimé leurs regrets concernant la disparition de la boucherie et de la charcuterie : “c’était un service de qualité apprécié” et “ça fonctionnait bien”, ont témoigné les habitants en rappelant que cette fermeture a fait suite à un départ à la retraite sans reprise et non à des difficultés économiques.
Au-delà de ces constats, le groupe a mis en lumière un sentiment d’abandon des bourgs des communes historiques au profit du plus gros bourg. L’exemple du café de La Forêt-Auvray, “revendu sans condition” alors qu’il n’y avait “aucun enjeu financier à revendre ”, contraste avec les commerces vides du centre de Putanges-Pont-Écrepin, rachetés par la commune pour préserver leur destination. Cette différence de traitement alimente un sentiment de “tout pour Putanges-Pont-Écrepin” et révèle une ”différence de traitement” entre les petites communes et Putanges-Pont-Écrepin.
Face à ces difficultés, les participants ont proposé que la mairie rende visibles les opportunités de reprise : ” Quel local est disponible ? À qui appartient-il ? Possibilité de préempter ? Quelles sont les modalités ? ” Le groupe a également évoqué la possibilité pour la mairie de proposer des petits loyers pour faciliter la reprise, même associative, de locaux qui donneraient de la vie au bourg comme un café associatif avec “des bouquins et des jeux de société”. Les anciennes mairies seraient aussi une piste à explorer.
Le groupe a également identifié des solutions pour améliorer l’attractivité des commerces existants. Concernant ” les horaires irréguliers [qui] sont un gros problème ”, ils s’interrogent : Est-ce que cela serait possible de concentrer les ouvertures sur des plages horaires précises et stratégiques afin de favoriser la rencontre ?
Parmi les idées les plus créatives figure celle de redynamiser le marché en tournant dans les différentes communes. Voir même “un jour = un local = une spécialité ? ” Le groupe a également évoqué les commerces ambulants, notant qu’à Vassy et à Ségrie-Fontaine cela fonctionnait. Un participant a même évoqué l’idée d’avoir un véhicule modulaire mutualisable entre différents commerçants.
L’idée d’un local mis à disposition des producteurs locaux avec du bénévolat citoyen pour faire tourner l’épicerie a particulièrement retenu l’attention. L’objectif serait de ” faire du bio local pas cher (et pas du bio espagnol !) ” grâce à un soutien de la mairie sur les loyers.
Reconnaissant que si une réalité économique contraint les commerces du bourg jusqu’à les fermer, la mairie pourrait aider car même sans modèle économique rentable, ces services de proximité ont une vraie valeur pour les habitants .
Encore le groupe 3 – Le dynamisme communal
Ce thème a beaucoup tourné autour de l’enjeu de maintenir et développer une vie associative et culturelle malgré les défis du vieillissement démographique. ” Les gens vieillissent ” : nous avons beaucoup entendu cette phrase. Il a beaucoup été question de “ la crise du bénévolat “ liée au vieillissement de la population. Les anciens arrêtent leur activité et il n’y a pas assez de jeunes pour prendre le relais. L’exemple de l’équipe de jeunes de football qui risque de disparaître car ” les bénévoles étaient trop usés “ a été cité.
Face à ces difficultés, le groupe a d’abord souligné un besoin de plus de visibilité sur ce qui existe en termes d’offre sportive et culturelle. Les participants ont également pointé le manque de soutien financier : ” La commune finance actuellement très peu le tissu associatif, cela n’aide pas “. Cette situation est d’autant plus problématique que Putanges-le-Lac est à 20 km de tout et offre finalement peu de services. Au-delà des moyens financiers, c’est la complexité administrative qui décourage les initiatives. Le groupe a évoqué le projet de médiathèque : ” On a longtemps entendu parler d’un projet de médiathèque mais nous n’avons plus de nouvelles.” ou encore la difficulté d’avoir des réponses rapides pour disposer des salles communales.
Le besoin de simplicité et de spontanéité est revenu ici aussi dans les discussions, en écho aux préoccupations déjà exprimées par d’autres groupes. Les participants soulignent le fait que les initiatives devraient être encouragées, ce qui est peu le cas actuellement. Par exemple, l’association de livres à l’école publique de Putanges possède 7000 ouvrages mais, pour des raisons d’assurance, les assistantes maternelles ne peuvent y avoir accès.
À noter qu’un club de basket vient d’ouvrir, preuve que la dynamique associative n’est pas morte mais a besoin d’être soutenue.
Le groupe a aussi proposé de créer un kit d’accueil pour les nouveaux habitants, voire même un événement annuel qui pourrait leur être dédié afin d’être plus accueillant et faciliter la découverte du territoire, des rencontres et les opportunités d’engagement.
Les comités des fêtes manquent également de bénévoles. Le groupe a proposé : ” Est-ce qu’on ne pourrait pas faciliter le lien et la solidarité entre les comités des fêtes des communes historiques afin de fédérer les forces ? Se coordonner sur la proposition culturelle ? “
Conclusion
Au-delà des trois groupes de travail, des discussions ont porté sur les conseils municipaux. Les témoignages ont été directs : “Le conseil municipal, il sert à rien !” - “Oui, c’est une salle d’enregistrement” - “Mais ce n’est pas censé l’être !”
Qu’est-ce qu’une commission ? Comment s’élabore un projet ? Ce pourrait être une bonne idée pour un prochain article. Et pour aller plus loin : comment pourrions-nous ouvrir ce processus pour impliquer davantage les citoyens ? Améliorer la transparence ?
Pendant les discussions, des éclaircies sont arrivées et pendant la restitution, le soleil est définitivement revenu. Plusieurs d’entre nous avaient ramené de quoi grignoter. Un buffet convivial s’est improvisé avec du jus de pomme et des bières. Le moment s’est prolongé jusqu’en début d’après-midi.
Merci à tous les participants C’est grâce à vous que nous nourrissons des propositions pour la liste du MCCP. Chaque idée exprimée, chaque question soulevée, chaque témoignage partagé contribue à enrichir notre réflexion collective et à construire un programme en phase avec les enjeux de notre commune.
Rendez-vous pour la prochaine rencontre, le 27 septembre aux Rotours !